Il s’agit d’une journée où tous les acteurs sociaux du quartier se rassemblent sur la place Bockstael afin de résoudre ensemble directement certains problèmes rencontrés par les habitants, répondre à leurs questions, proposer des tables rondes, etc.
Démarche
Nous sommes partis d’une assemblée où l’objectif était de relancer les comités d’action de la CSL. Pour cela, il a fallu aborder les thématiques prioritaires pour les membres de la coordination. Beaucoup de sujets ont été évoqués. Le vécu direct des travailleurs de la coordination a transformé ce moment « relance de comités » en témoignage de situations professionnelles. Un cri d’alerte a été lancé.
Du contexte « confinement » vécus à ce moment, les travailleurs restant sur le terrain ont éprouvé le besoin de dénoncer la situation dans laquelle ils se trouvaient :
Une situation où la numérisation du travail devient quasi totale (car la distance était la règle) et où les missions demandées étaient la plupart du temps impossible, sinon insensé, au regard des ressources humaines restantes sur le terrain, des moyens mis à disposition et de l’urgence de la situation sociale vécue par les habitants de Laeken.
Le numérique ayant pris une part « totale » dans la plupart des taches des travailleurs sociaux pendant cette pandémie, la numérisation des services fût une part très importante des conversations menées.
En réponse à la précédente assemblée, nous avons construit la suivante autour de la question du numérique comme porte d’entrée.
Le débat s’est précisé durant cette AO, mettant doucement de côté la question du numérique comme sujet central. La Coordination a mis en avant la déshumanisation des services publics, de l’administration. Par cela, il faut comprendre la raréfaction des espaces de rencontres, la déconsidération du lien social comme part primordiale dans le travail social et la segmentation de l’individu, considéré comme un dossier allant de service en service, spectateur dans son parcourt de demande sociale.
Cette relation à l’administration n’est pas née du COVID mais était présente bien avant. Elle s’est quelque peu amplifiée avec cette crise sanitaire, venant nous mettre sous le nez un mouvement présent depuis longtemps. Cette distance avec le « public », avec les habitants et habitantes amène méfiance et colère de leur part vis-à-vis des institutions. Cette méfiance et cette colère ne trouve même plus d’espace pour être exprimées aux vues de la numérisation des services sociaux.
L’une des difficultés rencontrées par les habitants est qu’ils doivent s’adresser à une multitude d’acteurs éparpillés sur le plan géographique (mutuelle, service d’aide au logement, commune, CPAS...), et que cela complique encore davantage les nombreuses procédures auxquels ils doivent faire face. D’autres constats ont été soulevés par la Coordination : celui de la perte de lien, d’espace de relation et confrontation, de numérisation du travail social, d’accueil inadéquat et parfois déshumanisant, ...
L’action du 23 juin a pour volonté de sortir les services de leurs bureaux, de renverser la relation « public » « travailleurs » et d’expérimenter une nouvelle façon de faire du social.